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Discours de Hans Hoogervorst sur le court-termisme


Dans un discours prononcé le 9 avril 2013 à Londres, Hanst Hoogervorst a traité du problème de la relation entre l'investissement à long terme et l'information financière, observant que même les investisseurs à long terme ont besoin de mesurer leur performance sur le court terme de façon neutre et fiable, afin de suivre leurs investissements et d'en rendre comptable le management.

Ci-dessous quelques extraits de son discours :

Le court-termisme n'est pas seulement un problème en politique, mais également en économie.

Les gérants sont incités à suivre les courants porteurs, c'est souvent le pari le plus sûr, même si ces courants sont irrationnels. Tant que cela marche, ils échappent à toute critique. Quand la musique s'arrête, c'est la faute des marchés. La macro-économie n'aide pas davantage. Les banques centrales pratiquent une politique expansionniste pour s'assurer qu'il y aura encore une économie demain. On ne sait pas ce que sera l'après-demain, mais il pourrait y avoir des larmes.

De nombreux observateurs (Conseil pour la Stabilité Financière, Groupe des Trente et Commission Européenne) sont inquiets de la prévalence des horizons à court terme, nuisible à l'investissement à long terme et à la croissance économique. Les normes comptables ne sont pas centrales dans ces débats, mais certains pensent qu'on pourrait les rendre plus utiles pour les investisseurs à long terme.

Quel peut donc être le rôle de l'IASB pour promouvoir ce type d'investissements ? C'est une part essentielle de notre mission. L'information financière force les dirigeants à rendre compte de leur efficacité dans l'utilisation des ressources de l'entreprise, ce qu'on appelle le « stewardship », difficile à traduire, mais facile à comprendre.

On dit souvent que les IFRS découragent l'investissement à long terme en appliquant excessivement la juste valeur et d'autres formes de valeurs actuelles. En vérité, cela est faux en dehors du secteur financier. Même dans le secteur financier, le coût amorti est encore un  attribut de mesure important et le restera. Il n'est pas surprenant que l'ensemble de la recherche académique montre que la juste valeur n'a pas été durant la crise une cause importante de la volatilité.

Certes, les valeurs actuelles jouent un rôle bien plus important dans le secteur financier. De nombreux instruments sont échangés sur des marchés actifs 24h/24, la valeur de marché donnant l'information la plus pertinente. Là où la valeur de marché a été utilisée durant la crise, elle a souvent donné une information en temps utile sur les instruments empoisonnés injectés dans le système. Ceux qui ont prêté attention à ces signaux ont pu souvent limiter les dégâts.

Notre prochain exposé-sondage sur les contrats d'assurance va prescrire l'évaluation des passifs d'assurance à des valeurs actuelles alors que de nombreux assureurs en sont encore au coût historique. Beaucoup sont inquiets, dans cette industrie qui a un énorme appétit pour des investissements à long terme solides. L'Autorité Européenne des Assurances  (EIOPA) a tiré récemment la sonnette d'alarme sur la faiblesse persistante des taux d'intérêt. Elle augmente la valeur actuelle des passifs, tandis que la rentabilité des actifs est affaiblie. Le risque est que des assureurs ne soient pas en mesure de rembourser les sinistres. Le cas du Japon est particulièrement criant. Si cette industrie victime de la crise n'a pas fait les gros titres, c'est qu'elle ne dispose pas d'une norme comptable adéquate qui montrerait sa situation réelle. Les résultats sont apparemment bons, mais basés sur des taux d'intérêt anciens et obsolètes ; l'effet de la faiblesse des taux d'intérêt est lent à se manifester, ce qui occulte les problèmes. Notre nouvelle norme les révèlera en appliquant des taux d'intérêt actuels. Certes, cela montrera de la volatilité, mais notre norme comportera aussi des propositions pour réduire la volatilité comptable. Nous sommes en revanche opposés à ce que la mesure des passifs soit basée sur la rentabilité attendue des actifs.

Enfin, je voudrais souligner que même les investisseurs à long terme ne peuvent ignorer les fluctuations à court terme, ne fût ce que parce qu'on ne sait jamais combien dure ce prétendu « court terme ». Il faut toujours faire des ajustements à court terme pour atteindre le but qu'on s'est fixé à long terme. Aussi, méfions-nous de ceux qui disent ne se soucier que du long terme. Même les assureurs entrent maintenant en terrain difficile. Ils se précipitent sur le marché obligataire, non pas pour des raisons comptables, mais parce qu'ils n'ont pas suffisamment de capital pour soutenir le risque des actions.

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